Écoutez Jean Rolin lire un extrait de son récit. (p75) 

Durée : 1 min 10

Sur la foi de l’annonce d’un rayon de soleil, qui ne s’est jamais pointé, me voilà à Corbeil.
« A partir de la place du marché – sur laquelle donne, un peu en retrait, la coquille vide, piquée d’une haute cheminée, de ce qui fut la chaufferie des Tarterêts, mais si séduisant que soit cet édifice on ne peut pas toujours se complaire à décrire des ruines dans le détail -,l’avenue Strathkelvin côtoie la mairie, puis un centre commercial, puis cet hôtel Saraga qui de loin ressemble à un Formule 1 mal en point, avant de laisser sur sa gauche le bâtiment blanc, couronné de tuiles vertes, de la grande mosquée de Corbeil, puis de revêtir la forme d’une route pour enjamber la Francilienne et poursuivre sa route vers Evry ».(1)
Le détail auquel se refuse Jean Rolin concernant la chaufferie, je m’y complais d’autant plus que je découvre, une fois rentrée au chaud, que le bâtiment dessiné par Roland Dubrulle (collaborateur de Fernand Pouillon) et Jean-Pierre Jouve,  construit en 1970, est aujourd’hui propriété privée inscrite à l’inventaire des monument historique depuis 2016. Cela ne l’empêche pas d’être à l’abandon dans un fatras végétal très seyant, qui laisse deviner des vitraux dignes d’une cathédrale contemporaine. Avis aux propriétaires : laissez-moi entrer un jour de beau temps !
Plus loin, au pied du « groupe d’immeubles isolés » en contrebas de l’hôtel qui propose des chambre à 20 euros, un habitant  s’étonne que je prenne des photos - « ne vous fatiguez pas, tout est moche ici » - mais néanmoins jovial, il est disposé à me vanter les paysages de Touraine, sans concéder la moins qualité au bosquet d’arbres qui occupe le talus en pente entre chez lui et la Francilienne.
Du côté nord de l’Autoroute, deux très gros tas d’effets personnels au pied du talus attestent de la présence antérieure du « minuscule camp rom » que Jean Rolin avait cru deviner lors de son passage. Effet glaçant comme toujours devant un pareil spectacle.
Poursuivant le long de la Seine vers le Nord, je me fais rattraper par la nuit (il a fait presque nuit toute la journée, en fait) et capitule temporairement pour rejoindre la gare du Bas-de-Fer, dont je ne trouverai nulle part trace de son origine toponymique.

(1) Le Pont de Bezons de Jean Rolin, ed. P.O.L, p67-68

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