Ni femme ni guerre dans cette série, mais des grues et des pylônes, ces derniers m’évoquant la première magnifique scène du film de Benedikt Erlingsson (Kona fer í stríð - Une Femme en guerre, donc) où telle une héroïne de western, Halla, seule dans une lande escarpée, sabote à l'arc un pylône électrique, plongeant ainsi Reykjavik dans le noir.
Cette militante écologiste entend ainsi alerter l’opinion sur les conséquences de l’agrandissement d’une usine d’aluminium – si elle n’a pas employé ces grands moyens très photogéniques, cette lutte a bel et bien eu lieu en Islande contre de telles implantations, qui ont privé des éleveurs de pâturages, pollué durablement des terres et rendu l’Islande dépendante d’une industrie qui pèse désormais plus lourd que le secteur traditionnel de la pèche mais lui impose l‘import des matières premières comme la bauxite des États-Unis, d’Irlande ou… d’Australie. En outre, les trois fonderies implantées sur l’ile consomment cinq fois plus d’électricité que tous les habitants réunis. Un sujet brûlant, donc.
Croisées à Vigneux sur un chantier du Siaap, dans la zone industrielle des Ardoines de Vitry, dans les quartiers en développement d’Ivry ou aux abords des très bucoliques jardins ouvriers de Choisy, les installations de cette série passent incognito dans un paysage métropolitaine en permanente évolution.
La série Kona fer í stríð (Une Femme en guerre), issue du projet Le Pont de Bezons est exposée chez Monique et Myrtille du 10 au 15 juillet 2022.
Suite du projet ici.