Bonus 2025 à mon exercice d'admiration à l'un des plus affutés et facétieux écrivains contemporains, à l'occasion de son dernier récit. 
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“Tous passaient sans effroi” : pourquoi on suit Jean Rolin vers l’Espagne 
par Sylvie Tanette, publié le 24 février 2025 
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Marcher, explorer les lieux, les décrire et les écrire avec minutie, c'est probablement ce que Jean Rolin préfère. Après de lointains voyages ou de très proches, il nous emmène dans les Pyrénées, sur la trace des évadés de France avec "Tous passaient sans effroi" aux éditions P.O.L.
Avec Jean Rolin, ecrivain et journaliste
De son métier de reporter, l'écrivain Jean Rolin a gardé le goût du voyage et des horizons. Parfois lointains, quelques fois à deux pas de chez lui, il nous emmène cette fois sur les traces de ceux qui ont franchi les Pyrénées depuis la France occupée pour rallier l'Espagne pendant la Seconde Guerre mondiale. Des anonymes et quelques personnalités, qui tous ont dû affronter les éléments et certains hommes. Aujourd'hui, que reste-t-il de leur passage ? Souvent pas grand-chose, suffisamment pourtant pour en faire un récit où l'auteur marche autant qu'il écrit.
Écrire & marcher
Qu'il arpente sur des kilomètres la région parisienne ou des contrées plus reculées, la marche a toujours été pour l'écrivain vecteur d'écriture, "d'une façon générale, il y a un lien manifeste pour moi - dont je ne maîtrise pas entièrement les tenants et les aboutissants -, entre la marche et l'écriture". Dans Tous passaient sans effroi, il écrit les histoires de traversée des Pyrénées, dont il a lui-même éprouvé les sentiers, "j'avais envie d'aller voir, d'autant que j'ai un côté naturaliste, j'aime marcher, observer les oiseaux".
Ses observations, Jean Rolin les consigne minutieusement dans son ouvrage, truffé de pas-de-côtés qui aident le lecteur à reconstituer l'espace : "au moment de l'écriture, ce genre de détails prend une importance considérable. Je fais très attention, quand je prends des notes en voyage ou en déplacement, de noter beaucoup de choses qui me paraissent sur le moment absolument insignifiantes, car je sais que, tout d'un coup, elles reprendront vie quand j'écrirai et que c'est ce qui m'aidera à bâtir le récit".
Sonder les archives
Dans ce livre, Jean Rolin raconte des trajectoires anonymes et parfois plus identifiable, comme celle des frères Grumbach, Jacques et Jean-Pierre - futur réalisateur de cinéma qui prendra le nom de "Melville" - et l'assassinat du premier par son passeur. Une histoire qui a demandé à Jean Rolin un véritable travail d'historien et une plongée dans les archives.
"Jacques a disparu des radars lors de sa traversée, personne ne savait ce qu'il était devenu jusqu'à ce que l'on retrouve ses ossements, plusieurs années après la guerre. Il a été assassiné par Lazare Cabrero, son passeur, dans des circonstances troubles et complexes qui a donné lieu à un procès devant les assises de l'Ariège, à Foix. Pour tout ce qui a concerné l'instruction et le procès, j'ai dû faire un travail d'archives qui n'avait pas été fait pour la bonne raison que ces archives étaient sous embargo. Après une certaine attente, j'ai obtenu une dispense pour y avoir accès".

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