Séries numérotées  de 30 exemplaires. Impression sur CANSON RAG 310 gr/m2.
Il y a quelque chose du mariage de la carpe et du lapin dans ce qu’est devenue Venise, complice et victime du surtourisme dans des proportions largement documentées, mais victime aussi de la spéculation immobilière à l’œuvre dans la plupart des centres urbains.
Une ville au format unique et élégant livrée à la vague du commerce bas de gamme, qui pourrait ne plus être que le fantôme d'elle-même (près de 150 000 habitants au début des années 1950, moins de 55 000 aujourd’hui pour la « Venise insulaire », soit le « centre historique » plus les îles de Burano, Murano, Torcello, Sant' Erasmo et la Giudecca).
Et pourtant la vie résiste dans de minuscules interstices, notamment ceux ouverts par les contraintes que la morphologie de la ville fait peser sur les fonctions urbaines de base : les étals de marchés, le ramassage des déchets, les ambulances, les livraisons, les travaux etc. doivent composer avec un mode de déplacement compliqué, des ruelles encombrées de piétons, des escaliers partout, des circonvolutions infinies pour rejoindre deux points pas si éloignés.
Des métiers qui disparaissent dans le paysage, qui s’estompent comme s’enfonce la ville, à peine visibles au milieu des nuées de téléphones à usages de selfies sur fonds de vieilles pierres et de reflets dans l’eau.
Et pourtant ils sont bien là, ces travailleurs qui assurent le quotidien logistique de la grande machine à brasser du touriste ; il suffit de se poser à une terrasse de café, de se faufiler dans les arrière-cours et les zones logistiques, de leur céder le passage dans les ruelles ou de les suivre un moment…
Traités comme des bas-reliefs de façades patrimoniales, ces instantanés typiques de la photo de rue rendent justice au détail des gestes et outils accomplis pour ces tâches essentielles, tout en les fondant dans le décor - une invisibilité qui reste leur statut dans la quantité déraisonnable de clichés de Venise diffusés par le marketing touristique, qui échoue comme bien souvent à capter la singularité d’un lieu : les êtres vivants qui y habitent.

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